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Éjido Casa de Janos

 

Type de projet Projet pilote d’élevage financé par la CCE
Organisation Éjido Casa de Janos
Pays Mexique
Région Municipalité de Janos, État de Chihuahua
Type de prairie Pâturages touffus ouverts
Nbre de têtes de bétail 50 dans la parcelle El Madroño et 118 dans la parcelle El Piojo
Hectares 1 681
Langue Espagnol
Date de modification Août 2015

La mise en œuvre de pratiques de gestion bénéfiques sur les pâturages communaux de l’Éjido Casa de Janos avait pour objet d’améliorer le broutage de même que l’état des pâturages, ce qui en fin de compte favorisait aussi l’amélioration de l’habitat d’espèces fauniques. Le projet a été réalisé dans le secteur 2 de l’exploitation (qui est divisée en deux), où se trouvent plusieurs parcelles clôturées. Aux fins du projet, on a sélectionné les parcelles El Madroño et El Piojo, qui comportent toutes les deux des sources d’eau. Il n’y a cependant pas de système de distribution de l’eau dans les enclos.

D’après une évaluation de la couverture du sol dans la parcelle El Madroño, 50 % de la superficie totale de ce pâturage est  principalement recouverte de végétation arbustive (des espèces annuelles, surtout), mais on trouve aussi certains secteurs de faible étendue recouverts d’un tapis végétal de base comportant beaucoup plus d’espèces broussailleuses vivaces (comme la banderilla et le toboso). Pour ce qui est de la structure du sol, mentionnons que ce dernier est recouvert d’humus à 58,4 %, alors que la roche en recouvre 14,8 % et qu’un peu plus du cinquième de la superficie correspond à un sol nu dépourvu d’autres couches susceptibles de le protéger contre l’érosion éolienne ou hydrique.

Quant au couvert végétal de la parcelle El Piojo, précisons que les buissons recouvrent 44,8 % de la superficie totale du site (surtout des espèces annuelles, dans ce cas-ci également), mais qu’on observe également des bosquets d’espèces broussailleuses vivaces (telles que le toboso), qui protègent le sol contre l’érosion. En outre, la majeure partie (64 %) de la superficie totale est recouverte d’humus, et 11,6 % de celle-ci, de roche, tandis qu’on trouve 13,2 % de sol nu.

Le projet avait pour but l’instauration d’une gestion du broutage beaucoup plus adéquate. Au cours des trois dernières années, on a formé en matière de gestion des pâturages un groupe d’éleveurs de l’Éjido Casa de Janos. Cependant, le manque d’infrastructures dans les champs les a empêchés de mettre en application les connaissances acquises. On a quand même aménagé 11 enclos dans la parcelle El Madroño, et 10 enclos dans la parcelle El Piojo. Il y a de l’eau pour le bétail dans les deux secteurs de cette parcelle, mais la distribution de l’eau doit être améliorée. Tous les enclos sont entourés de clôtures électriques, et des panneaux solaires fixes et portatifs ont été installés pour les alimenter en électricité. Ainsi, on peut laisser reposer la majeure partie des pâturages pendant qu’un seul enclos est brouté. La gestion des deux parcelles ciblées dans le cadre du projet vise deux troupeaux de bovins distincts.

Ferme d’élevage Bill Barby

 

Type de projet Projet pilote d’élevage financé par la CCE
Organisation BbarB Ranch
Pays États-Unis
Région Comté de Clark, Kansas
Type de prairie Prairie mixte d’herbes hautes et d’armoise
Nbre de têtes de bétail 200
Hectares 1 503
Langue Anglais
Date de modification Août 2016

La ferme d’élevage B bar B se trouve dans le sud-ouest du Kansas, dans les grandes plaines de l’Amérique du Nord. C’est avant tout une exploitation bovine, mais on y pratique également, à petite échelle, la chasse au cerf haut de gamme. Par ailleurs, la région abrite des colins de Virginie en abondance ainsi que de nombreuses autres espèces d’oiseaux des prairies. Des pratiques de gestion bénéfiques y sont mises en œuvre sur les 573 hectares visés par le projet, où l’on a notamment installé des clôtures transversales électriques ainsi que des coupe-feux, et procédé à des broutages contrôlés et à des brûlages dirigés périodiques.

On a divisé quatre pâturages en 12 enclos à l’aide de 12 736 mètres de clôture électrique à haute résistance. Le dispositif comporte du fil électrique, des chargeurs, des piquets mobiles et des bobines réceptrices ainsi que des barrières de déviation et de l’équipement photovoltaïque. L’exploitation n’est pas reliée au réseau électrique public et tire toute son électricité de l’énergie solaire, qui sert à pomper l’eau et alimente les clôtures électriques. Dans chaque pâturage, les clôtures transversales permettront d’accroître dans une proportion de 50 % à 75 % les périodes de jachère, ce qui fera augmenter la biomasse aérienne et souterraine. Cette augmentation, jumelée à l’action du troupeau, aura pour effet d’améliorer la santé du sol en augmentant la quantité de matières organiques dans celui-ci. De plus, la multiplication des périodes de jachère maintiendra un couvert végétal d’une hauteur suffisante pour attirer les oiseaux qui nichent à terre. La ferme a intensifié sa gestion du broutage en vue d’optimiser l’utilisation du fourrage et d’accroître les réserves de matière combustible pour les brûlages dirigés. On protégera la végétation en évitant de répéter le broutage sur une même parcelle durant la même saison, d’une année à l’autre, permettant ainsi aux plantes d’aller au bout de leur cycle de croissance. Enfin, la diversification des espèces indigènes présentes restreindra les déficits hydriques du sol tout en assurant une capacité de charge plus élevée.

Bill Barby a mis en place des coupe-feux et effectué un brûlage sur 250 hectares au printemps 2015, afin d’améliorer le fourrage et d’exercer un contrôle sur les espèces envahissantes d’arbres. Les prairies des grandes plaines sont le fruit de l’interaction entre le broutage, le brûlage et le climat. Une fois le feu éteint, les arbres envahissants dominent les prairies et ont des effets néfastes. Ces arbres, en particulier le genévrier de Virginie, font baisser considérablement la production de fourrage destiné au bétail, et réduisent fortement l’habitat des espèces sauvages et les ressources hydriques, tout en multipliant les risques de feux de friches. M. Barby est membre actif de l’association locale de brûlage dirigé (PBA). Mentionnons qu’il a lâché sur sa propriété un insecte appelé « chrysomèle du tamaris » afin de lutter contre le tamaris (ou tamarin), arbre non indigène extrêmement envahissant qui prend le dessus sur la végétation des zones riveraines.

La ferme accueille des visites guidées et des ateliers destinés aux producteurs et associations de la région, de même qu’aux partenaires fédéraux, étatiques et internationaux. Le propriétaire exploitant est un chef de file en matière de conservation dans sa collectivité. Il a entre autres mis sur pied la Cherokee Strip PBA et le Clark-Comanche-Meade Regional Grazing Group (Groupe régional de gestion du broutage de la région Clark-Comanche-Meade).

Parmi les partenaires du projet, on trouve la Commission de coopération environnementale, la Kansas Grazing Lands Coalition (Coalition pour les pâturages du Kansas), le Kansas Department of Wildlife Parks and Tourism (ministère des Réserves fauniques et du Tourisme du Kansas), le programme Partners for Fish and Wildlife (Partenariat pour les ressources halieutiques et fauniques) du U.S. Fish and Wildlife Service (USFW, Service des pêches et de la faune des États-Unis), le Natural Resources Conservation Service (Service de conservation des ressources naturelles) du ministère de l’Agriculture des États-Unis et la Tamarisk Coalition (Coalition pour la gestion du tamaris).

Ferme d’élevage Burnette

 

Type de projet Projet pilote d’élevage financé par la CCE
Organisation Burnette Ranch
Pays États-Unis
Région Comté de Comanche, Kansas
Type de prairie Prairie mixte d’herbes hautes et d’armoise
Nbre de têtes de bétail 50 paires vache-veau et 2 taureaux (visés par un plan d’action contre la sécheresse)
Hectares 710
Langue Anglais
Date de modification Août 2016

La ferme d’élevage Burnette est située dans les hauts-plateaux du sud-ouest américain, dans l’écorégion de Cimarron Breaks, dans les grandes plaines. Elle a mis à profit la gestion du broutage, car elle se trouve dans une zone qui abrite un important groupe végétal d’herbes indigènes climaciques, diverses formations d’herbes non graminéennes et un site servant d’aire de parade au tétras pâle. Parmi les pratiques de gestion bénéfiques mises en œuvre sur les 524 hectares visés par le projet, mentionnons l’installation de coupe-feux, des brûlages dirigés périodiques, le broutage dirigé et la plantation d’espèces indigènes d’herbes non graminéennes sur des pâturages qui ont déjà été cultivés.

Le projet visait principalement à récupérer une prairie indigène envahie par le genévrier de Virginie (Juniperus virginiana) et par des formations arbustives à feuilles caduques. Historiquement, on a exercé un contrôle sur les arbres au moyen de feux périodiques dans les grandes plaines. Ces arbres réduisent considérablement la quantité de fourrage disponible pour le bétail, l’eau souterraine et les habitats fauniques, et prendront le pas sur la prairie si l’on ne prend pas de mesures de contrôle. On a aussi enlevé des arbres en pratiquant le brûlage dirigé et par des moyens mécaniques comme des chargeurs à direction à glissement dotés de scies. Les propriétaires ont assisté à des ateliers sur le brûlage, se sont joints à une association pour le brûlage dirigé et ont fait participer leurs voisins à des discussions visant la coordination des activités de contrôle du genévrier de Virginie.

Le projet prévoyait également la plantation d’espèces indigènes de diverses plantes herbacées non graminéennes qui poussent au début, au milieu et à la fin de la période de végétation et profitent aux espèces pollinisatrices. Soulignons que des milliers de monarques se sont arrêtés à la ferme d’élevage Burnette pour se reposer durant leur trajet migratoire en Amérique du Nord. Enfin, on a choisi une prairie autrefois cultivée pour y accroître la quantité d’herbes non graminéennes et la diversité végétale.

Les réalisations de la ferme d’élevage Burnette montrent bien l’efficacité que peuvent avoir les groupes qui forment des partenariats afin de mettre en commun les ressources et d’accomplir des choses qu’aucun ne pourrait faire seul. Parmi les partenaires du projet, mentionnons la Gyp Hills Prescribe Burn Association (Association pour le brûlage dirigé de la région des Gyp Hills), la Kansas Grazing Lands Coalition (Coalition pour la gestion des pâturages du Kansas), le coordonnateur régional pour le sud-ouest du Kansas Prescribed Fire Council (Conseil du Kansas pour le brûlage dirigé), la ferme d’élevage Burnette, la Nature Conservancy (Agence de conservation de la nature) des États-Unis, la Commission de coopération environnementale, le Natural Resources Conservation Service (Service de conservation des ressources naturelles) du ministère de l’Agriculture des États-Unis, ainsi que le programme Partners for Fish and Wildlife (Partenariat pour les ressources halieutiques et fauniques) du U.S. Fish and Wildlife Service (USFW, Service des pêches et de la faune des États-Unis).

Ferme d’élevage Veno

 

Type de projet Projet pilote d’élevage financé par la CCE
Organisation Ferme d’élevage Veno
Pays Canada
Région Hanna, Alberta
Type de prairie Prairie mixte
Nbre de têtes de bétail 600 paires vache-veau
Hectares 5 050
Langue Anglais
Date de modification Août 2015

 

Avec son mari, Murray McArthur, Marj Veno a fait croître son exploitation, qui est passée d’un troupeau de 120 têtes de bétail commercial à un élevage de 300 bovins de race et de 300 vaches Angus commerciales, élevés sur 5 050 hectares correspondant pour l’essentiel à des parcours naturels. La ferme se centre sur le broutage, et le temps consacré à l’engraissement est limité. Elle utilise les parcours ainsi qu’un peu de fourrage de réensemencement, les premiers assurant une part importante du broutage de fin d’automne et d’hiver.

Mme Veno et son mari tiennent des registres rigoureux sur le broutage, dans lesquels ils consignent entre autres le nombre de bovins ainsi que les dates de la mise à l’herbe et de la rentrée du bétail pour chaque pâturage. Grâce à leur longue expérience, ils ont acquis une bonne connaissance de la qualité du fourrage dans leurs champs à différentes époques de l’année. Tous les ans, ils prévoient une quantité suffisante d’herbes indigènes pour le broutage d’hiver.

Si le fourrage naturel mis en réserve en vue du broutage d’hiver assure suffisamment d’herbe de qualité pour répondre au besoin des vaches en mi-gestation, bon nombre de pâturages situés en zone spéciale n’offrent pas au bétail un endroit où s’abriter du vent. On s’est donc servi du Wintering Site Assessment and Design Tool (WSADT, outil de conception et d’évaluation des sites d’hivernage), créé par Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC), l’Alberta Agriculture and Rural Development (ARD, ministère de l’Agriculture et du Développement rural de l’Alberta) et l’Agricultural Research and Extension Council of Alberta (ARECA, conseil de recherche et de vulgarisation dans le domaine agricole), pour évaluer des sites de rechange pour le broutage d’hiver dans les parcours naturels. Un endroit adéquat a été trouvé pour environ 150 vaches, ce qui a favorisé l’utilisation de fourrage naturel aussi tard qu’à la fin de l’automne et même pour le broutage d’hiver. L’installation d’un brise-vent portatif a permis aux vaches de rester dans le parcours naturel jusqu’à la fin de l’automne et durant les premiers mois d’hiver. Au besoin, on a dispersé des balles de foin comme supplément à l’herbe mise en réserve. (Quand il faisait vraiment froid, on donnait par jour au bétail environ 8 lb, soit un peu plus de 3,5 kg, par tête ou deux balles de foin.)

Par ailleurs, le fumier des vaches est resté dans les pâturages au lieu de s’accumuler dans une installation fermée d’engraissement sur le terrain environnant la maison des propriétaires, ou bien de se retrouve dans les zones boisées ou buissonnantes d’autres champs. Les abris contre le vent peuvent être déplacés périodiquement pour éviter une accumulation excessive de nutriments provenant du fumier. Ce dernier, de même que les résidus d’aliments, a été répandu à la herse au printemps 2015, selon les besoins, afin d’assurer la croissance de l’herbe.

On a évalué les caractéristiques des plantes et du sol ainsi que le nombre total de jours de broutage sur le site, afin de déterminer si l’usage de brise-vent portatifs dans les pâturages libres tard dans l’année était indiqué. À l’été 2014, on a procédé à l’inventaire des espèces végétales et fait une évaluation de la santé des parcours. L’information ainsi recueillie, de même que la connaissance du site qu’ont les propriétaires de la ferme, pour surveiller les impacts respectifs du broutage d’hiver et de l’alimentation contrôlée dans les pâturages libres.

Les données  historiques sur le sol ont été jointes aux résultats de l’analyse des échantillons de sol prélevés au début de l’automne et seront comparées aux résultats concernant les échantillons pris sur le site en 2105 et par la suite. On a également fait un suivi de la teneur en microéléments et macro-éléments nutritifs, des matières organiques et des populations microbiennes dans le sol. De plus, on a évalué périodiquement l’état physique des vaches pour s’assurer  qu’elles étaient bien nourries et disposaient d’un bon abri durant la période d’engraissement de l’hiver (aucune dégradation de leur état n’a été observée). Mentionnons par ailleurs que les coûts de l’hivernage (alimentation et mise en réserve) ont diminué.

Le projet met en lumière la volonté de Mme Veno d’améliorer la durabilité de ses ressources en fourrage. Elle a exposé ses points de vue et ses expériences aux participants de la Western Canadian Grazing Conference (conférence sur le pâturage dans l’Ouest Canadien), tenue à Edmonton, en Alberta, en décembre 2014. Mme Veno a raconté comment elle avait optimisé ses ressources en eau au sein des pâturages afin de répartir le broutage plus uniformément que ce qui avait été fait par le passé, et signalé que ses efforts avaient été récompensés par la multiplication des arbres et des bocages dans les secteurs riverains de sa propriété. Elle a également souligné l’importance de faire preuve de souplesse et la nécessité de s’adapter aux fluctuations climatiques orchestrées par Dame Nature, mentionnant également qu’il est essentiel d’établir un plan de rechange (conservation ou mise en réserve de fourrage dans un autre endroit) lorsqu’on dresse le plan de broutage annuel.

Ferme d’élevage Veno (2)

 

Type de projet Projet pilote d’élevage financé par la CCE
Organisation Ferme d’élevage Veno
Pays Canada
Région Hanna, Alberta
Type de prairie Prairie mixte
Nbre de têtes de bétail 600 paires vache-veau
Hectares 5 050
Langue Anglais
Date de modification Août 2015

 

Avec son mari, Murray McArthur, Marj Veno a fait croître son exploitation, qui est passée d’un troupeau de 120 têtes de bétail commercial à un élevage de 300 bovins de race et de 300 vaches Angus commerciales, élevés sur 5 050 hectares formés pour l’essentiel de parcours naturels. La ferme se centre sur le pâturage, et le temps consacré à l’engraissement est limité. On utilise les parcours ainsi qu’un peu de fourrage de réensemencement, les premiers assurant une part importante du broutage de fin d’automne et d’hiver.

Malheureusement, l’armoise absinthe a envahi les pâturages près de la maison des propriétaires (pâturages indigènes et aires réensemencées) depuis qu’on a refait la route locale, il y a plusieurs années. Marj Veno a lutté contre cette mauvaise herbe au moyen du fauchage et, de façon restreinte, de la pulvérisation localisée, mais celle-ci continue de croître vigoureusement et d’envahir de plus en plus d’hectares chaque année. Mme Veno craint que la quantité et la qualité de fourrage comestible disponible sur ses pâturages diminuent si cette plante concurrente continue à gagner du terrain.

Mme Veno a consigné les méthodes employées par la ferme pour lutter contre l’absinthe au cours des dernières années.  Son mari et elle tiennent pour leur exploitation des registres rigoureux dans lesquels ils notent entre autres le nombre de bovins ainsi que les dates de la mise à l’herbe et de la rentrée du bétail pour chaque pâturage. Ils s’acquittent bien de leur rôle d’intendants de la terre et pratiquent une gestion à long terme axée sur la durabilité.

Le projet visait à démontrer les avantages qu’il y a à lutter contre l’armoise absinthe par le fauchage et par une utilisation prudente de l’herbicide sélectif RestoreTM II, choisi pour son efficacité éprouvée (projet ADOPT no 20110289 de la Saskatchewan) dans la lutte contre l’absinthe, un produit qui ne fera pas de tort aux herbes indigènes ni aux herbes réensemencées.

Un projet pilote de faible envergure a été réalisé dans les pâturages de la ferme Veno avec les produits RestoreTM II et ReclaimTM (un herbicide à large spectre) par la Chinook Applied Research Association (Association Chinook de recherche appliquée), en partenariat avec l’entreprise Dow Agrisciences. Marj Veno a acheté de l’herbicide RestoreTM II et l’a pulvérisé sur l’armoise absinthe dans les parcours naturels et les pâturages réensemencés, à l’aide d’un pulvérisateur monté sur véhicule quatre roues tout-terrain. Elle en a également vaporisé sur les zones surélevées et le long des clôtures afin d’empêcher l’absinthe, cette herbe envahissante, de se répandre. De vastes formations d’absinthe apparues dans les pâturages ont été fauchées à l’aide d’une faucheuse à fléaux montée sur attelage trois-points. Des travaux de fauchage ont aussi été effectués le long d’une route qui traverse la ferme Veno.

On a vérifié la croissance des herbes indigènes et des herbes réensemencées dont la présence est souhaitée, ainsi que celle de l’armoise absinthe et d’autres mauvaises herbes à la fin de la période de végétation 2014 et à la fin du printemps 2015. Pour cette vérification, on a pris des photos des secteurs cibles et les a comparées avec des photos de ces mêmes sites prises avant les traitements administrés en 2014. Les taux de charge des pâturages ont également fait l’objet d’une surveillance qui tenait compte des changements climatologiques annuels (au point de vue des précipitations et des températures).

Comme la ferme disposera de bons stocks de semences et que l’absinthe est une plante persistante, les zones traitées feront l’objet d’une surveillance pendant plusieurs années.

En décembre 2014, Marj Veno a participé à un panel de producteurs dans le cadre de la Western Canadian Grazing Conference (Conférence sur le pâturage dans l’Ouest canadien), tenue à Edmonton, en Alberta. Elle a parlé du projet et décrit la lutte de sa ferme contre l’absinthe ainsi que les progrès réalisés à cet égard. La ferme procédera de nouveau à une pulvérisation localisée et à une surveillance en 2015. Enfin, une journée champêtre a été organisée à la ferme pendant l’été 2015, afin de communiquer les résultats aux autres producteurs de la région.

Ferme d’élevage Circle H

 

Type de projet Projet pilote d’élevage financé par la CCE
Organisation Circle H Farms
Pays Canada
Région Brandon, Manitoba
Type de prairie Prairie mixte
Nbre de têtes de bétail 34 vaches – 32 veaux
Hectares 65
Langue Anglais
Date de modification Août 2015

Située à Brandon, au Manitoba, la ferme d’élevage Circle H est une exploitation bovine en activité. Le propriétaire exploitant, Brian Harper, fait figure de chef de file en matière de conservation dans sa collectivité. Il offre aux autres producteurs des visites guidées de son exploitation pendant lesquelles il explique les diverses approches de gestion qu’il met en oeuvre sur ses terres. Il est également conférencier dans le cadre d’ateliers portant sur différentes questions liées à la gestion des pâturages.

Le projet pilote avait pour objectifs d’accroître la séquestration du carbone et la quantité de matières organiques dans le sol, d’améliorer les caractéristiques biologiques du sol, d’augmenter la productivité des pâturages, d’intensifier les mesures de protection contre la sécheresse, d’améliorer le gain moyen quotidien (GMQ) du bétail, d’accroître la densité du bétail, de réduire la grandeur des enclos ainsi que d’écourter les périodes de broutage et d’allonger les périodes de rétablissement.

Dans un premier temps, l’exploitation a fait l’objet d’une évaluation visant à vérifier certains indicateurs de la santé du sol ainsi que les teneurs en matières organiques et en charbon (on revérifiera le sol dans trois ans). Puis, on a évalué les pâturages afin de déterminer la composition végétale, soit les espèces présentes, ainsi que le nombre de zones de sol nu et la quantité de litière. Enfin, on a consigné le poids des animaux, d’abord au début de la saison du broutage, puis lorsque ces derniers quittaient les pâturages.

Par ailleurs, on a procédé au sursemis d’un mélange de légumineuses en vue d’accroître la diversité et d’augmenter la fixation de l’azote. En outre, on a installé des abreuvoirs dans les pâturages et on s’est servi de clôtures portatives pour réduire la taille des enclos. De plus, la période de broutage a été réduite : elle durait de trois à sept jours en 2013 et est maintenant d’une journée ou moins (depuis 2014). Quant à la période de rétablissement, elle a été allongée, passant d’environ 40 jours à plus de 100 jours dans certains pâturages (ce qui permet de 1 à 1,5 pacages par année). En 2014, la taille des enclos est passée de 16 acres (6,5 hectares) qu’elle était en 2013 à 1 acre (0,4 hectare), voire moins.

Par conséquent, la densité du bétail s’est accrue : elle équivalait à environ 3 000 lb de boeuf par acre (3 360 kg de boeuf par hectare) en 2013, et représentait plus de 7 000 lb de bœuf par acre (7 846 kg de boeuf par hectare) en 2014.

Lors d’un atelier donné en hiver pour les producteurs et d’une visite guidée organisée durant l’été, Brian Harper  a parlé du projet et des effets bénéfiques du pâturage de nettoyage (ou pâturage de masse). Enfin, deux articles ont été écrits relativement au projet, et les visites guidées ont été signalées aux journaux locaux afin qu’ils les annoncent.

Ferme d’élevage Dolen

 

Type de projet Projet pilote d’élevage financé par la CCE
Organisation Ferme d’élevage Dolen
Pays Canada
Région Comté de Clark, Kansas
Type de prairie Prairie d’herbes mixtes
Nbre de têtes de bétail 130
Hectares 129
Langue Anglais
Date de modification Août 2015

La ferme d’élevage Dolen est située dans la région de la rivière de la Paix, dans le nord-ouest de l’Alberta, où les hivers sont souvent rigoureux et les précipitations estivales, irrégulières. Conrad Dolen, qui est né et a grandi dans la région, exploite depuis dix ans la partie nord de la propriété agricole. Depuis sa fondation, la ferme Dolen a connu une expansion importante : elle abrite maintenant 130 bovins à viande destinés à la production commerciale de boeuf.  Au coeur de l’exploitation, se trouve une demi-parcelle (320 acres, ou 129,5 hectares) composée principalement de parcours naturels. Elle sert au broutage d’été et constitue le principal site d’hivernage de l’exploitation. M. Dolen s’efforce de prolonger la saison du broutage par la mise en réserve d’herbes indigènes ainsi qu’en améliorant le sol et en pratiquant le pâturage sur balles pendant l’hiver. Par ailleurs, M. Dolen participe activement à des ateliers et à des journées de vulgarisation agricole organisés par la Peace Country Beef & Forage Association (Association de la région de la rivière de la Paix pour la production bovine et fourragère) et est toujours à l’affût de façons novatrices de bonifier son exploitation.

Conrad Dolen tient des registres détaillés dans lesquels sont indiqués les périodes de broutage pour tous ses pâturages, le nombre de têtes de bétail ainsi que les dates de la mise à l’herbe et de la rentrée du bétail. M. Dolen surveille le rendement de ses terres depuis un certain nombre d’années, et il met sa passion au service de leur amélioration pour les générations futures. L’hivernage du bétail dans les pâturages, plutôt que dans un enclos d’hiver, est avantageux pour la terre à bien des égards. Il permet notamment aux éléments nutritifs de retourner dans le sol, évitant leur perte. Cependant, dans la région de la rivière de la Paix, l’hivernage du bétail dans les pâturages pose certains problèmes, par exemple celui de trouver un lieu où les animaux pourront se protéger des intempéries. Bon nombre de pâturages du secteur, y compris ceux de M. Dolen, comportent des zones boisées qui peuvent jouer le rôle d’abri, mais, avec le temps, les terres où le bétail a fréquemment été regroupé se sont saturées d’azote et d’autres éléments nutritifs. Sur la ferme de Conrad Dolen, ces facteurs ont entraîné la perte d’arbres et, peut-être, d’espèces indigènes d’herbes.

On a utilisé le Wintering Site Assessment and Design Tool (WSADT, Outil pour la conception et l’évaluation des sites d’hivernage), créé par Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC),  Alberta Agriculture and Rural Development  (AARD, ministère de l’Agriculture et du Développement rural de l’Alberta ) et Agricultural Research and Extension Council of Alberta (ARECA, Conseil de la recherche et vulgarisation en matière d’agriculture de l’Alberta) de cette même province, pour trouver dans les parcours naturels de nouveaux endroits où faire paître le bétail durant l’hiver. Le projet a amélioré la répartition des éléments nutritifs et réduit le stress exercé sur les zones où, traditionnellement, le bétail était regroupé pour brouter et trouvait refuge à la saison froide. Grâce à l’installation de brise-vent portatifs, Conrad Dolen a pu laisser son bétail brouter tout l’hiver dans la prairie naturelle, où il le nourrissait d’herbe mise en réserve ou des bottes de foin. Cette façon de faire a également permis de limiter les effets néfastes de la présence des bovins sur les parcours naturels et sur les arbres indigènes.

En raison de la sécheresse qui a sévi dans toute la région pendant l’été, M. Dolen n’a pu planifier le broutage dans les parcours naturels et les zones de buissons de sa propriété. Il a fait brouter ses bovins une fois durant l’été dans la prairie indigène visée par le projet (qui comporte des zones buissonnantes). Toutefois, il n’a pas pu utiliser celle-ci comme réserve d’herbe à l’automne, car l’été s’est avéré très sec dans la majeure partie de la région. Son plan d’hivernage a donc changé, et il a décidé de faire paître sur balles ses bovins sur des terres semées pour servir de pâturages cultivés,  à proximité des parcours naturels (M. Dolen n’avait pas envisagé le pâturage sur balles dans ces derniers). L’endroit choisi comme site d’hivernage était toutefois dépourvu d’abri pour protéger les bovins des intempéries. Des balles de foin y ont été placées un peu partout en vue d’accroître la répartition des éléments nutritifs, selon un plan élaboré à l’aide de l’outil WSADT. Des échantillons de sol ont été prélevés au début de septembre en différents points du site pour faire le suivi des changements survenant dans la composition du sol. On a également échantillonné le fourrage disponible afin de l’analyser pour en vérifier la teneur en éléments nutritifs. Les données chronologiques concernant le site et la disponibilité du fourrage ont été consignées. Les bovins ont été emmenés sur le site en janvier 2015. Ils y ont fait l’objet d’un suivi visant à les garder en bonne santé et y sont restés jusqu’à la fin d’avril 2015. De février à avril, on a déplacé périodiquement les brise-vent portatifs afin de pouvoir épandre le fumier. Les bovins ne reviendront pas sur ce site avant la fin de l’été 2015. Soulignons enfin qu’on a prélevé des échantillons de sol à l’automne et surveillé la croissance des espèces fourragères.

Ferme d’élevage El 15

 

Type de projet Projet pilote d’élevage financé par la CCE
Organisation Ferme d’élevage El 15
Pays Mexique
Région Municipalités de Villa Ahumada et de Chihuahua, État de Chihuahua
Type de prairie Pâturages ouverts, pâturage halophyte et matorral désertique
Nbre de têtes de bétail 200
Hectares 3 900
Langue Espagnol
Date de modification Août 2015

La ferme d’élevage El 15 participe au projet de collaboration visant la conservation des prairies, lequel a été élaboré par la Commission de coopération environnementale (CCE) et les organisations sans but lucratif Rocky Mountain Bird Observatory, IMC Vida Silvestre et le regroupement de protection de la nature Pronatura. Des pratiques de gestion bénéfiques sont mises en œuvre sur cette exploitation dans le cadre du projet, qui est financé par la CCE et American Bird Conservancy (organisme américain de conservation des oiseaux). Précisons que les mesures adoptées étaient centrées sur la formulation et la mise en œuvre d’un système de gestion du pâturage sur la propriété.

La ferme se trouve dans les vallées centrales de l’État de Chihuahua, dans l’une des dernières zones de pâturages ouverts de la région du désert de Chihuahua. Elle est située jusqu’à la limite sud de l’aire de terres cultivées du secteur, qui est en pleine expansion et menace les pâturages naturels. La conservation des prairies situées sur cette propriété—qui sont un habitat marginal pour tout un éventail d’espèces fauniques de prairie présentant un intérêt commun en matière de conservation— est prioritaire. La ferme s’adonne à l’élevage comme activité principale : elle élève 200 bovins qu’on se prépare actuellement à faire paître en rotation.

La propriétaire de la ferme, Ivone Borunda, vient d’une famille qui en est à sa troisième génération d’éleveurs. Très enthousiaste, Mme Borunda est en train de revoir et d’adapter le régime de gestion de son exploitation. Elle veut instaurer une gestion intégrale qui accorde la même importance à la conservation de la faune et de son habitat qu’à la création d’une production bovine optimale et rentable.

Le site de la ferme El 15 fait partie d’une zone d’importance internationale pour la conservation des prairies. En outre, c’est l’une des dernières « poches » de pâturages naturels situées dans l’une des vallées centrales du désert de Chihuahua. La majeure partie des oiseaux de prairie d’intérêt commun de la région hivernent dans cette vallée, notamment le plectrophane à ventre noir (Calcarius ornatus), le pipit de Sprague (Anthus spragueii), le bruant de  Baird (Ammodramus bairdii) et le bruant sauterelle (Ammodramus savannarum). De plus, le site sert d’habitat au faucon à ventre noir (Falco femoralis) et à l’aigle royal (Aquila chrysaetos) ainsi qu’à l’un des derniers troupeaux d’antilocapres (Antilocapra americana mexicana).

Jusqu’en 2008, les prairies de la ferme El 15 ont fait l’objet d’un surpâturage, mais aussi d’un sous-pâturage, de sorte qu’elles ont commencé à montrer des signes de dysfonctionnalité écologique propres aux écosystèmes pastoraux dégradés. En ce moment, la santé des pâturages de la ferme est en processus de rétablissement, et on commence à adapter leur gestion, car on commence à peine à concevoir le système de distribution de l’eau et à diviser les parcelles en enclos afin de mettre en œuvre un régime de pâturage en rotation.

Les mesures adoptées consistaient à dresser un plan de gestion du pâturage et à permettre aux prés de se rétablir, ainsi qu’à installer les infrastructures nécessaires à la mise en application de ce plan, à savoir : deux bassins d’abreuvement (d’une capacité de 4 000 litres et de 10 000 litres, respectivement), cinq kilomètres de conduits à usages multiples et 3,3 kilomètres de clôtures métalliques servant à diviser les enclos.

Ferme d’élevage El Gorguz

 

Type de projet Projet pilote d’élevage financé par la CCE
Organisation Ferme d’élevage El Gorguz
Pays Mexique
Région Municipalité de Janos, État de Chihuahua
Type de prairie Pâturages touffus ouverts
Nbre de têtes de bétail 45 vaches, 60 génisses, 6 taureaux, 18 veaux
Hectares 958
Langue Espagnol
Date de modification Août 2015

Les pratiques de gestion bénéfiques sur la ferme El Gorguz visaient à améliorer les infrastructures afin de perfectionner le régime de broutage et d’accroître la santé des pâturages, de façon à bonifier en fin de compte les habitats fauniques de l’endroit. À ces fins, on a établi des projections relatives aux infrastructures et au régime de pâturage qu’on a fondées sur la capacité de charge et la composition du couvert du sol dans les pâturages.

Au début, le bétail a brouté dans des aires d’une superficie de 15 à 30 hectares, et on a donné aux bêtes des suppléments alimentaires pendant 50 jours pour éviter toute dégradation de leur état physique après leur transfert dans de plus petits enclos. En ce moment, les bovins broutent de plus vastes superficies de pâturage, où la pluie a permis la croissance d’herbes vertes qui contribuera à améliorer leur état. Dès que la nouvelle végétation aura séché, le troupeau retournera dans les petits enclos temporaires (entourés de clôtures électriques qui ont nécessité l’installation de panneaux solaires). Par ailleurs, en ce qui concerne l’amélioration du système de distribution de l’eau, signalons qu’on a creusé un fossé pour enterrer les tuyaux de PCV qui transportent l’eau d’un pivot central d’irrigation jusqu’au bassin de métal où se trouvent les auges pour le bétail.

Quant à la couverture du sol sur la ferme, précisons qu’il est constitué à 56,4 % d’humus et à 12,4 % de roche, et qu’on trouve 28,4 % de sol nu. Au chapitre de la couverture végétale, il faut signaler que 40,4 % de la superficie totale est recouverte de broussailles et de graminées vivaces, et 0,4 %, de graminées annuelles. Quant à la capacité de charge, précisons que la production de fourrage équivaut en moyenne à 2 310 kilos par hectare. C’est donc dire qu’il faut 2,15 hectares pour subvenir aux besoins d’une unité animale pendant un an, ce qui équivaut à utiliser la moitié de fourrage disponible. Il convient de souligner que l’un des échantillons avait un poids de loin supérieur à celui des autres et que ce détail influe sur l’évaluation de la production globale de fourrage.

Ferme d’élevage El Uno

 

Type de projet Projet pilote d’élevage financé par la CCE
Organisation Ferme d’élevage El Uno
Pays Mexique
Région Prairies de Janos, municipalité de Janos, État de Chihuahua
Type de prairie Pâturages ouverts et pâturages halophytes, avec formations broussailleuses de mesquites et colonies de chien des prairies
Nbre de têtes de bétail S/O – exploitation de pâturage à forfait
Hectares 18 500
Langue Espagnol
Date de modification Août 2015

La réserve écologique El Uno, site d’une ferme d’élevage mieux connue sous le nom espagnol de « Rancho El Uno », appartient à l’ONG The Nature Conservancy (société américaine de conservation de la nature). L’exploitation a pour principal objectif d’assurer la conservation des prairies ainsi que leur biodiversité en assurant la mise en oeuvre de bonnes pratiques de gestion du bétail ainsi que de rétablissement des pâturages, de même qu’une formation en la matière. Elle tient également lieu de ferme expérimentale où sont réalisées des études écologiques et biologiques qui portent sur la faune et ses habitats et sur l’utilisation d’outils de gestion des pâturages. En tant que centre de conservation des prairies, la ferme a reçu un soutien financier de bailleurs de fonds tels que la Commission de coopération environnementale (CCE), la Comisión Nacional de Áreas Naturales Protegidas (Commission nationale des aires naturelles protégées du Mexique), l’Instituto Nacional de Investigaciones Forestales, Agrícolas y Pecuarias (Institut national de recherche en foresterie, agriculture et élevage) le Rio Grande Joint Venture (coentreprise Rio Grande), le Fonds mondial pour la nature (WWF) et le US Forest Service (Service forestier des États-Unis). La ferme centre ses activités sur la recherche, la formation des producteurs, les travaux de conception et les installations nécessaires à la mise en oeuvre des régimes de gestion des pâturages, l’amélioration d’habitats donnés et la bonification de la structure paysagère des prairies.

La ferme El Uno se trouve dans les prairies de Janos, au nord-est du désert de Chihuahua, au Mexique, plus précisément au centre de la vallée de Janos. Entourée de terres cultivées, elle est située dans l’une des dernières zones de pâturages ouverts de la région du désert de Chihuahua.

Principale activité de la ferme El Uno, l’élevage est géré selon les principes d’une méthode axéesur la conservation et appelée « pâturage à forfait ». En vertu de celle-ci, les producteurs des éjidos et les exploitants des fermes d’élevage reçoivent une formation relative aux pratiques de gestion bénéfiques visant les pâturages et le bétail. En général, l’intéressé signe avec la ferme un contrat d’une durée approximative de trois ans qui l’autorise à utiliser les enclos de la ferme pour faire paître ses bêtes. Dans le cas de la ferme El Uno, le pâturage est géré conformément aux indications techniques données  par les responsables de l’exploitation et les organismes avec lesquels collaborent, soit Rocky Mountain Bird Observatory, IMC Vida Silvestre, l’Universidad Autónoma de México (Université autonome du Mexique), l’ Universidad Autónoma de Chihuahau (Université autonome de l’État de Chihuahua), LIVES Savory Hub (centre d’application de la méthode d’Allan Savory). En même temps que les troupeaux broutent sur la propriété de la ferme El Uno, des mesures visant l’amélioration et le rétablissement des pâturages sont mises en oeuvres dans les fermes d’élevage et les éjidos participants. En fin de compte, on vise à ce que les éleveurs apprennent de meilleures techniques d’élevage, notamment en matière de broutage, de durabilité et de rentabilité, et à ce que soit favorisée la conservation des prairies et de leur biodiversité. À l’heure actuelle, trois groupes distincts participent au programme réalisé dans la ferme El Uno : 1) l’Éjido Casa de Janos, qui y fait paître en rotation 200 têtes de bétail sur 3 000 hectares; 2) l’Éjido San Pedro, qui y met en oeuvre le pâturage en rotation de 165 bêtes sur 1 800 hectares; 3) la ferme San Pedro, qui élève 500 têtes de bétail sur 4 000 hectares. Mentionnons enfin la mise à disposition de 400 hectares pour un troupeau de 50 bisons mis en pâturage libre.

Trois personnes —l’administrateur de la ferme, Antonio Esquer; le directeur technique, José Luis García; et la responsable des installations et de la logistiques, Dalia Campos—coordonnent toutes les activités de l’exploitation de même que celles des associés et des collaborateurs de l’organisme The Nature Conservancy (société pour la conservation de la nature) à la ferme en Janos.

La région où se trouve la ferme El Uno est une zone d’importance internationale eu égard à la conservation des prairies et de leur biodiversité. Les pâturages de la ferme El Uno constituent un habitat hivernal important pour la majeure partie des oiseaux de prairie de la région qui présentent un intérêt commun, par exemple le bruant à ventre noir (Calcarius ornatus), le pipit de Sprague (Anthus spragueii), le bruant de Baird (Ammodramus bairdii), le bruant sauterelle (Ammodramus savannarum), la buse de Swainson (Buteo swainsoni), la buse rouilleuse (Buteo regalis), le faucon des prairies (Falco mexicanus), le faucon émerillon (Falco columbarius) et le faucon pèlerin (Falco peregrinus). De plus, la propriété représente un habitat potentiel pour l’aigle royal (Aquila chrysaetos) et le faucon à ventre noir (Falco femoralis). Par ailleurs, on trouve sur la propriété six colonies de chiens des prairies (Cynomys ludovicianus), ainsi que des aires de concentration d’autres espèces qui ont un lien avec ces rongeurs, notamment le serpent à sonnettes (Crotalus atrox), le blaireau d’Amérique (Taxidea taxus), le renard nain (Vulpes macrotis) et le lynx roux (Lynx rufus), pour ne nommer que celles-là.

La perte de graminées vivaces, l’envahissement  des lieux par des espèces arbustives (mesquite et cornouiller), l’érosion éolienne et la propagation de mauvaises herbes telles que la soude (Salsola iberica) constituent les principales menaces qui pèsent sur les pâturages de la ferme El Uno.

Parmi les mesures directes de gestion mises en oeuvre, mentionnons l’installation (financée par la CCE), d’un réservoir de 50 000 litres servant au stockage de l’eau pour quatre enclos, de rampes de fuite dans les bassins d’eau pour éviter que les oiseaux s’y noient; l’aménagement de deux nids artificiels pour le faucon à ventre noir, la gestion de 130 hectares de formations de mesquites et l’aménagement d’infrastructures d’élevage destinées à favoriser l’amélioration des pratiques de gestion, par exemple des abreuvoirs de 6 000 litres, un bassin de 40 000 litres, 2,6 km de conduites à usages multiples et des clôtures électriques servant à diviser les enclos.

Parmi les résultats des mesures prises à la ferme El Uno, il convient de mentionner des ententes de collaboration relatives à la conservation de 2 400 hectares de pâturages ouverts ainsi que la formation des producteurs de deux éjidos et d’une ferme d’élevage.

Ferme d’élevage Gentry

 

Type de projet Projet pilote d’élevage financé par la CCE
Organisation Gentry Ranch Partners LLC
Pays États-Unis
Région Comté de Barber, Kansas
Type de prairie Prairie mixte d’herbes hautes et d’armoise
Nbre de têtes de bétail 255 paires vaches-veau
Hectares 1 942
Langue Anglais
Date de modification Août 2016

La ferme d’élevage Gentry se trouve au cœur des grandes plaines du sud-ouest du Kansas. C’est une exploitation d’élevage-naissage de bovins Angus et Hereford. Elle se trouve dans une région qui abrite une communauté végétale formée de diverses espèces indigènes et une faune abondante, ainsi que des sources et des cavernes. Parmi les pratiques bénéfiques qu’on y met en oeuvre dans le cadre de ce projet qui vise 1 426 hectares, mentionnons des brûlages dirigés et l’installation de brise-vent.

Les brûlages dirigés sont nécessaires pour lutter contre l’envahissement de la région par certaines essences, en particulier le genévrier de Virginie (ou genévrier rouge). On estime qu’en Oklahoma, cet arbre envahit plus de 308 hectares par jour, et cet empiétement réduit les ressources hydriques, ainsi que la superficie disponible pour produire du fourrage et servir d’habitat aux oiseaux des prairies. Qui plus est, il augmente le risque de catastrophe lié aux feux de friches. Par exemple, on estime que les arbres qui font entre 2,5 et 30,5 cm de diamètre consomment de 1,9 à 79 litres d’eau par jour, respectivement. Par ailleurs, dans cette région, le couvert forestier arrête la majeure partie de la pluie avant qu’elle n’atteigne le sol. Et la consommation d’eau du genévrier de Virginie fait diminuer la recharge de la nappe phréatique et le débit de base des cours d’eau, ce qui a un impact sur la faune aquatique. En outre, les taux de chargement en bétail diminuent en raison de la densité du couvert végétal formé par le genévrier de Virginie, qui empêche les plantes herbacées de pousser. Le directeur de la ferme d’élevage Gentry Ranch fait figure de chef de file au sein de la Gyp Hills Prescribed Burn Association (Association pour le brûlage dirigée de la région des Gyp Hills), dont il est membre. Il aide les autres propriétaires terriens en fournissant une expertise, de l’équipement et de la main-d’oeuvre. Le projet a utilisé trois méthodes novatrices : le brûlage en période de végétation, l’allumage de couvert forestier fermé (pour les genévriers de Virginie) et le dragage (expérience-pilote). On a installé des brise-vent sur 13 km et préparé de nombreuses ressources pour la gestion des feux. Le fait de procéder au brûlage en saison de végétation était une première, car la majorité des éleveurs le font au début ou au milieu du printemps. Toutefois, les recherches sur le sujet donnent à penser que les brûlages en saison chaude éliminent plus d’espèces ligneuses que ceux qui ont lieu en saison froide, un peu comme l’habituelle saison des feux de végétation. De plus, on a employé la technique de l’allumage de feux de cime pour brûler le couvert forestier fermé des formations de genévriers mûrs quand l’allumage des arbres pouvait poser problème, en raison de l’absence de couvert végétal. On a abattu les arbres morts, qu’on a ensuite placés en piles contre les arbres sur pied en bon état, le long des pentes, afin d’augmenter la charge de combustible. De plus, on s’est servi d’un lance-flamme de marque Terra Torch pour allumer la végétation des parois du canyon, alors qu’on avait auparavant employé une hélitorche. Le brûlage dirigé dans la région des grandes plaines présente d’autres avantages : amélioration de l’utilisation du bétail, gains de poids supplémentaires, création de divers habitats de premier stade de succession pour les espèces sauvages, et recyclage des éléments nutritifs. La troisième méthode utilisée était le dragage, qui, selon les recherches, s’avère plus efficace lorsqu’on a affaire à une certaine densité forestière et à des arbres de haute taille.

Dans le cadre du projet, les partenaires sont la Commission de coopération environnementale, la Kansas Grazing Lands Coalition (Coalition pour les pâturages du Kansas), l’Oklahoma State University (Université de l’État de l’Oklahoma), la Gyp Hills Prescribed Burn Association (Association pour le brûlage dirigé de la région des Gyp Hills), le coordonnateur du secteur sud-ouest du Kansas Prescribed Fire Council (Conseil du Kansas pour le brûlage dirigé), le Natural Resources Conservation Service (Service de conservation des ressources naturelles) du ministère de l’Agriculture des États-Unis, la ferme d’élevage Gentry Ranch Partners LLC, et le programme Partners for Fish and Wildlife (Partenariat pour les ressources halieutiques et fauniques) du U.S. Fish and Wildlife Service (USFW, Service des pêches et de la faune des États-Unis).

Ferme d’élevage Gould

 

Type de projet Projet pilote d’élevage financé par la CCE
Organisation Gould Ranches Ltd.
Pays Canada
Région Comté de Clark, Kansas
Type de prairie Prairie mixte
Nbre de têtes de bétail 490 vaches et génisses
Hectares 129
Langue Anglais
Date de modification Août 2015

Il y a près de 100 ans que la famille Gould s’adonne à l’élevage dans la région au sud de Consort, en Alberta. Son exploitation comporte des parcours naturels, des parcelles fourragères réensemencées et des terres destinées aux cultures annuelles, près du centre de la zone spéciale 4. À l’instar d’autres habitants de longue date de zones spéciales, les Gould ont prospéré et fait croître leur exploitation dans le contexte agricole difficile qui caractérise le centre-est de l’Alberta. Aujourd’hui dirigée par la quatrième génération de Gould, la ferme d’élevage Gould Ranches Ltd. s’adonne au naissage (production vache-veau), à la production de bovins semi-finis et de bovin d’un an, aux cultures annuelles de céréales et à la production d’aliments pour bétail. La famille compte un vétérinaire et deux agronomes, et plus de 100 ans d’expérience cumulée. Les Gould entretiennent des liens étroits avec les organismes de promotion des pratiques de gestion durable, par exemple l’Alberta Institute of Agrologists (Institut albertain d’agronomie) et Green Hectares, qui offrent du mentorat aux jeunes agriculteurs et assurent la communication avec eux; Farm-On, qui promeut l’agriculture et sensibilise le public à ce domaine; Prairie Heritage Angus Beef (regroupement pour le bœuf Heritage Angus des Prairies), qui fait la promotion du boeuf naturel de cette race patrimoniale; ainsi que Chinook Applied Research Association (Association Chinook de recherche appliquée), un organisme voué à la recherche, aux projets pilotes et à la vulgarisation en matière agricole. L’un des objectifs de la ferme est de limiter les ressources investies dans les aliments pour bétail et leur production, notamment en prolongeant les rotations annuelles de pâturages jusqu’à une période avancée de l’hiver. En outre, les Gould assurent la productivité de leurs parcours naturels en aménageant des périodes de repos pendant lesquelles ils utilisent du fourrage de réensemencement.

La ferme Gould s’est lancée dans le pâturage sur balles en tant que pratique de gestion durable afin d’améliorer le sol sur sa propriété et la production fourragère, et d’assurer des périodes de repos pour les parcours naturels dans le cadre de son plan de pâturage. Les Gould échantillonnent les champs où les balles sont broutées afin d’établir des points de référence pour faire le suivi des changements survenant dans la chimie du sol et des éléments nutritifs qu’il contient. La distribution des balles de foin se fait de deux manières : aléatoire (au moment du pâturage sur balles, selon la production fourragère sur le site) et planifiée (quand les balles sont « importées » sur le site, en fonction des lacunes décelées dans le sol). Les Gould ont utilisé le Wintering Site Assessment and Design Tool (outil de conception et d’évaluation des sites d’hivernage) et le Nutrient Calculator (« calculatrice » d’éléments nutritifs) de l’Alberta Agriculture and Rural Development (ministère de l’Agriculture et du Développement rural de l’Alberta) afin de trouver des sites adéquats pour y déposer les balles de foin, des endroits où le sol est bien drainé, loin des zones de basses-terres, où l’eau a tendance à s’accumuler. De plus, l’étang-réservoir (artificiel) se trouvant sur la propriété a été modifié en vue de l’installation d’un système d’abreuvement à distance écoénergétique (système Sundog à énergie solaire), et des clôtures électriques ont été mises en place afin de restreindre l’accès du bétail aux balles, à l’abri naturel et aux parcours naturels adjacents.

Le projet a permis d’améliorer le pâturage sur balles utilisé par la ferme pour le broutage de fin d’automne et d’hiver dans le cadre de son plan annuel d’engraissement. Grâce à l’installation d’un brise-vent portatif, les vaches ont pu brouter des balles de foin jusqu’à la fin de l’automne et même durant les premiers mois d’hiver sans qu’il y ait destruction de broussailles et d’arbustes. De plus, le fumier a été laissé dans les pâturages pour éviter qu’il s’accumule dans les broussailles ou dans l’installation d’engraissement près de la maison d’habitation. Les caractéristiques nutritives qu’il apporte aux parcours naturels en font un atout précieux, de la fin de l’été jusqu’à l’hiver, mais il y a pendant cette période un risque de surpâturage, et ce dernier peut mettre en péril la santé et la survie d’espèces dont la présence est souhaitée. Le pâturage sur balles dans les prés de fauche contribue à assurer la santé des parcours dans le cadre du plan de broutage des Gould.

Le nombre total de jours de broutage sur le site a été déterminé en tant que facteur important, afin d’évaluer le succès obtenu avec les brise-vent portatifs installés dans les parcours naturels pour permettre le pâturage tard dans l’année. En outre, les dommages aux formations arbustives sont surveillés, de même que la répartition du fumier. On a aussi évalué périodiquement l’état physique des vaches pour veiller à ce qu’elles soient bien nourries et disposent d’un abri adéquat.

L’impact sur la qualité du sol a également fait l’objet d’un suivi, dont les résultats ont été comparés aux points de référence consignés en 2013. Parmi les analyses effectuées, mentionnons celles visant les caractéristiques de base de la chimie du sol, les matières organiques et les populations microbiennes. Signalons enfin que, en décembre 2014, à l’occasion de la Western Canadian Grazing Conference  (Conférence sur le pâturage dans l’ouest canadien), tenue à Edmonton, en Alberta, Matthew Gould a participé à un panel de producteurs afin de parler des faits saillants du projet.